Le jour de la fête des mères, ma filleule Elodie nous a annoncé qu’elle se marierait l’an prochain. Elle était radieuse. Les tantes pleuraient, de joie. J’ai ressenti comme un poids.
Elodie fêtera ses vingt-cinq ans le 4 juillet . A dix-huit ans, bac en poche, elle veut devenir kinée. Elle part pour l’Espagne. Etudiante , elle s’éclate en coloc, apprend à faire des tresses et des bracelets, développe de bonnes bases en italien et en anglais , découvre l’anatomie, la physiothérapie, la masso-kinésithérapie. Les statistiques ne mentent pas: formation paramédicale et sociale comme 85% des filles. Diplômée, de retour en France, elle travaille dans un cabinet de kinésithérapie. Elle est amoureuse, pour de vrai. Il s’appelle Enzo. Il est banquier. Huit mois passent. Finalement, Elodie opte pour une carrière dans la banque .
La facture
Grimper , stagner, stagner
« Je ferai carrière. Avec Enzo, on grimpera ensemble les échelons ». Vraiment? Rappelle-toi les grands classiques du féminisme: l’inégalité salariale qui s’accroît tout au long de la carrière. L’égalité salariale qui devrait être atteinte dans cent ans. Et le sexisme. Ne tolère aucun sexisme . Ni à ton égard, ni à l’égard de tes collègues. Le sexisme c’est insidieux . C’est comme le premier petit bouton d’une allergie au soleil. Ne laisse pas tes collègues hommes t’interrompre « de longue » en réunion. Ne souris pas , puisque ça t’énerve. D’ailleurs, commence tout de suite à l’identifier, le sexisme, et sous toutes ses formes. N’attends pas que l’on te propose une formation, demande la. En France, en 2018, 57% des femmes cadres ont suivi une formation, 62% des hommes. Écart plus marqué pour les employées et les ouvrières. Le plafond de verre. La maternité. De retour de maternité, veille au grain et ne baisse pas la garde. Etre mère diminue de 60% tes chances d’accéder aux meilleurs postes . Etude de l’INSEE du 18 juin 2020; c’est du récent. Je m’arrête de lister; ça m’épuise.
Un dernier , pour la route
Je ne veux pas plomber l’ambiance. Simplement te faire gagner du temps. Trois conseils, avant de te laisser t’amuser. Use-les, jusqu’à la trame.
Comprendre: Tu et nous ne sommes pas responsables du fait que les inégalités professionnelles femmes/hommes existent. Lis, écoute, comprends la construction des inégalités professionnelles liées au genre, ses mécanismes, ses rouages.
Ne pas douter de tes compétences professionnelles. Douter impacte ta vie professionnelle et personnelle. Douter c’est accepter ces mécanismes et rouages que tu peux comprendre et déconstruire.
Agir, plutôt que subir. Tu as compris, tu as pris de la hauteur sur ton ressenti. Dénonce, déconstruis, utilise ta force pour faire avec, partage, réseaute, mentore des hommes et des femmes, inclus.
Et prends le temps de déjeuner! N’essaie pas de tout faire toute seule. Tu as toujours su déléguer. Alors poursuis, au boulot comme à la maison. N’aspire pas à devenir Superwoman. Elle a depuis longtemps troué ses collants .